samedi 16 mai 2009

Sylvie Robert

C'est par engagement que je suis là aujourd'hui. Je suis une militante de la culture depuis de nombreuses années au travers de l'exercice d'un certain nombre de mandats notamment d’élue locale et régionale. Nous voyons bien ce qui s'est passé depuis 2004 au niveau des régions. Nous parlions du CNC : les négociations des conventions entre le CNC et les régions ont été épiques, mais très intéressantes. Maintenant ma fonction actuelle dans un parti politique me passionne. J’en mesure l’importance et la responsabilité.

J'ai accepté d'être avec vous dans ces Etats généraux, parce que cela représente un endroit très important aujourd'hui. Pourquoi ? Parce qu’il faut revenir aux fondamentaux. Nous vivons en ce moment un tournant et des bouleversements incroyables de notre société, que nous n’avons pas assez anticipés et que les citoyens, eux, les subissent, les acceptent parfois… Mais quand le gouvernement commence à mettre à mal les valeurs de la République, les valeurs de laïcité, l'indépendance des médias, de la presse, le travail le dimanche ou encore la suppression des juges d'instruction, tout ceci est profondément culturel. Et si nous revenons aux fondamentaux c'est aussi pour re-questionner les valeurs qui ont animé très longtemps l'ensemble des acteurs culturels de notre société.

Vous jouez un rôle clé dans ce contexte. Nous avons conscience que, dans l'action culturelle, il y a non pas des métiers qui se juxtaposent, mais une vraie démarche à la fois de création, de processus artistique et culturel, qui se met en mouvement. Dans la vie d’une œuvre, tout le monde est intimement lié. Cette solidarité interprofessionnelle permet que chacun contribue à l’existence de cette filière audiovisuelle et cinématographique. Alors on ne doit pas avoir seulement des réactions de résistance, il faut les avoir, mais surtout il faut travailler sur des propositions, sur ce qu'il faut faire, ce qu’il faut inventer aussi avec les autres champs de la culture.

« L’image » est peut-être considérée comme plus dangereuse parce qu’elle touche à l’imaginaire individuel et collectif. Elle peut décentrer, bouleverser, travailler sur des histoires dont nous n’avons pas envie mais qui vont entrer dans notre imaginaire. C’est là que la fonction de l’action culturelle devient extrêmement essentielle pour construire l’esprit critique et citoyen de chacun. Les actions qui sont les vôtres sont au cœur de ces fondamentaux. Je crois que ces valeurs sont aussi les valeurs de l’action publique. A quel moment, justifie-t-on et prend-t-on en compte aujourd’hui le sens d’une intervention publique, c’est-à-dire de l’argent public ?

Ce sont aussi des enjeux territoriaux, j'ai assez peu entendu parler des collectivités territoriales. Elles contribuent avec les services de l’Etat à soutenir, à développer, à accompagner, à inventer de nombreux projets. Qu'est-ce qui est bouleversé aujourd'hui ? Nous sommes en train de vivre ce bouleversement de valeurs. Mais le rôle de l'Etat est aussi réinterrogé. La question des moyens publics, des collectivités territoriales, de leurs compétences est posée à nouveau. Tout cela est un enjeu de société.