dimanche 17 mai 2009

L’éducation artistique est sous-financée

La ministre de la Culture et de la communication a annoncé un objectif de doublement des effectifs des trois dispositifs scolaires : Ecole et cinéma, Collège au cinéma, Lycéens et apprentis au cinéma. Au delà des questions que cela pose tant pour les salles que pour les collectivités territoriales, l’Etat va-t-il se donner les moyens financiers à la hauteur de son ambition ? En tant que projets interministériels, les dispositifs scolaires d’éducation à l’image souffrent de la difficulté récurrente qu’ont toujours eue le ministère de la Culture et de la communication et celui de l’Education nationale à travailler ensemble. Il est temps de souligner que cette situation résulte notamment du manque injustifié d’intervention financière de l’Education nationale.

Les actions menées en milieu scolaire, notamment dans le cadre des « options cinéma des lycées », sont insuffisamment financées. Les enseignants sont de plus en plus invités, voire incités, à rester dans la classe et à en sortir le moins souvent possible. Leurs marges de manœuvre et d’initiative sont réduites, dans un contexte de respect de plus en plus strict du programme et de resserrement sur les savoirs fondamentaux. Par ailleurs, en guise de réponse aux objectifs de démocratisation de la culture, le tarif des séances scolaires a été plafonné à 2,50 euros maximum, ces dernières années, et ce, sans que l’Education nationale ne participe systématiquement en contrepartie. Si les collectivités territoriales retiraient demain leur contribution (notamment compensation du prix des places, ou prise en charge du transport des élèves), les établissements scolaires et les salles de cinéma seraient mis en difficulté. Les salles seraient alors obligées de « faire du remplissage » au détriment de la qualité d’accueil des groupes. Serait-ce véritablement répondre à la mission d’éducation artistique ? La réponse est non.

Mais la question du sous-financement ne touche pas seulement les dispositifs scolaires, elle concerne l’action culturelle tous azimuts, et l’éducation artistique en particulier.

S’agissant du hors temps scolaire, les mouvements d’éducation populaire se sentent progressivement contraints de se soumettre à la « norme » dictée par l’Education nationale. Au niveau territorial, les collectivités développent la mise en place d’appels d’offre pour l’éducation à l’image en direction de prestataires privés. Le problème est la conception qu’ils se font du service à proposer : « Pour les élus, l’action culturelle n’est pas d’aller chercher de nouveaux publics mais de passer tel film à 3 euros pour favoriser l’accès à la culture. » Logique quantitative de l’élargissement du public contre logique qualitative de la construction d’un regard. En outre, les associations d’éducation populaire regrettent le déficit d’offre de formation dans les domaines cinématographique et audiovisuel. « Il y a très peu de BEATEP1 consacrés au cinéma, pourquoi n’ont-ils pas été développés ? Je crois qu’il y en a même moins qu’avant […] d’autant plus qu’avec les nouveaux enjeux de l’Education nationale, il y a un risque que nous, les mouvements d’éducation populaire, soyons dépossédés de l’éducation artistique, des artistes et de l’intervention des partenaires culturels. »

Soulignons toutefois, pour terminer sur une note optimiste, que pour la première fois le développement de l’éducation artistique figurait en tête de liste des points à développer dans les lettres de mission du ministère de l’Education nationale et du ministère de la Culture et de la communication en 2007.


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