dimanche 17 mai 2009

« Nous ne voulons pas d’une éducation à l’image »

Ce titre aux accents provocateurs indique une position ferme à laquelle nous croyons : l’art – et son corollaire, l’expérience esthétique – est à replacer au cœur du débat. Dans un premier temps, nous préférons substituer « éducation artistique » à « éducation à l’image », expression qui connote trop la perspective de transmission d’un savoir, d’un savoir-lire les images. Or, cette approche peut laisser sous-entendre que nous formerions les jeunes spectateurs à apprendre à décoder des messages, à parler le langage des images ! Enseignerions-nous la communi-cation malgré nous ? Ce n’est pas ce dont il s’agit dans l’action culturelle. Nous sommes plutôt dans le partage d’une expérience sensible. Le terme même d’éducation pose lui aussi problème. La relation qui se crée dans l’action culturelle n’est pas une relation de maître à élève.

Toutefois, il est difficile de faire accepter cette conception aux élus. Au cours de nos échanges avec eux, les partenaires institutionnels font la sourde oreille lorsque nous leur demandons d’élaborer une politique en faveur de l’éducation artistique. « L’artistique » fait peur, le champ de l’art est trop abstrait pour eux pour qu’ils consentent à le placer au centre de leur intervention. « Quand nous sommes face à [eux], se pose le problème de la définition de « l’artistique » qui est un grand creuset qui ne veut absolument rien dire. L’expression « éducation à l’image » a permis, notamment dans les établissements scolaires, d’identifier précisément de quoi il s’agissait. Si je dis à mes partenaires que je fais de l’éducation artistique, ils ne me comprennent pas ou font semblant de ne pas me comprendre. »