dimanche 17 mai 2009

Un diagnostic en demi-teinte

Il faut commencer par souligner certains partis pris intéressants et courageux du travail réalisé, audace dont font rarement preuve la plupart des rapports de même type. Les constats que nous partageons concernent la reconnaissance :
  • du désengagement de l’Etat dans la culture à un moment précis : l’année 2008 ;
  • de la rupture de confiance entre les acteurs de terrain, le ministère, le CNC et les collectivités territoriales ;
  • d’un certain mépris à l’égard du travail des acteurs de terrain, voire de celui des collectivités territoriales ;
  • du fait que la grande diversité des acteurs de terrain ne nuit pas au bon déroulement des actions menées, mais, au contraire, produit des résultats très satisfaisants.

Néanmoins, le diagnostic n’est pas exempt de défauts. Au contraire, il est truffé d’inexactitudes, voire même de contresens. A titre d’exemples, nous avons relevé :
  • l’absence de perspective globale de l’action culturelle cinématographique, audiovisuelle et multimédia, la non prise en compte de la transversalité inhérente à l’action culturelle ;
  • l’absence de mention de tout un pan des acteurs qui font l’action culturelle : les médiathèques, les vidéothèques, les ECM , les mouvements d’éducation populaire etc., etc., réduisant la question de l’action culturelle aux salles et aux festivals, et la non-identification de toute une partie du travail de diffusion et d’accompagnement des structures précitées (notamment sur le secteur non-commercial) ;
  • l’oubli assez choquant du partenaire Education nationale, pourtant incontournable, dans l’évocation des dispositifs scolaires ;
  • l’accusation d’« élitisme » des catalogues des dispositifs d’éducation à l’image qui justifierait une méfiance des enseignants vis-à-vis des dispositifs ;
  • l’éviction du champ de « l’éducation à l’image » des actions menées par des animateurs et des professionnels sous prétexte qu’il n’y a pas d’enseignants associés ;
  • la focalisation sur l’évaluation quantitative de l’action culturelle, selon une logique purement comptable, et donc la survalorisation du seul critère de la fréquentation au détriment de l’évaluation qualitative des actions menées ;
  • l’évocation trop rapide de la question brûlante du bénévolat, qui n’est pas considérée comme une priorité alors même que le cinéma, l’audiovisuel et l’expérimental sont tous concernés par ce sujet ;
  • la stigmatisation du non-renouvellement des catalogues des ciné-clubs et la priorité qu’accor-deraient les ciné-clubs au 16 mm, ce qui expliquerait leur désertion (ce qui est absolument faux !)

Par ailleurs, nous aurions aimé que soit pointé dans ce rapport le déficit de transparence dans la méthode de redistribution des crédits déconcentrés suite aux baisses en 2008. Pour illustrer notre revendication, rappelons que « récemment, le Blac a envoyé une lettre aux différents directeurs régionaux des affaires culturelles pour connaître l’évaluation des baisses de crédits sur 2008 et savoir comment les affectations ont été réalisées. Il y a aujourd’hui, si je ne me trompe, trois DRAC – Directions régionales des affaires culturelles, sur les vingt-deux, qui ont répondu au Blac ! »

De manière générale, nous désirons que l’évaluation soit rééquilibrée au profit du qualitatif. Nous serons, dans cette perspective, force de proposition : « Nous, structures de l’action culturelle, nous avons à concevoir des outils d’évaluation qui contiennent des critères qualitatifs objectifs de l’accompagnement des films. »