samedi 16 mai 2009

Anne Toussaint

Je travaille en prison depuis vingt ans. Cela s’est fait de manière non préméditée. J’y suis rentrée la première fois pour faire le cadre et le montage d’un court-métrage. Puis, il y a eu la création de centres de ressources audiovisuelles, mis en place en 1990, suite à une convention entre le ministère de la Culture, le ministère de la Justice, la Caisse des dépôts et consignations et le ministère du Travail. J’ai pris en charge celui de la maison d’arrêt de Metz, suite à quoi nous avons créé l’association Les Yeux de l’ouïe.

Cette dernière est formée par un collectif d’artistes et cinéastes qui travaillent en Lorraine et en région Ile-de-France. Nous menons un travail sur la diffusion et la création audiovisuelle contemporaine, à destination du plus large public. En ce qui concerne le travail en prison, nous travaillons principalement la question des liens entre intérieur et extérieur. L’idée est vraiment d’inscrire le travail à la fois dans la cité, mais aussi dans des processus de travail cinématographique. Nous favorisons, premièrement, un accès à la culture de l’image au travers du visionnage de films d’auteurs, en résistance à la télévision qui est le seul accès à l’image en prison. De l’autre, nous intégrons un processus de fabrication, où nous nous interrogeons sur les formes. Tout cela fait le lien avec un questionnement social.