lundi 8 juin 2009

Quelques précisions avant de commencer…








Bonjour,

Voici la transcription des actes des premiers états généraux de l'action culturelle cinématographique et audiovisuelle qui se sont tenus en janvier 2009 à Paris, avec la participation de plus de 300 personnes représentant plus de 200 structures représentatives sur la France entière de la diversité et de la transversalité de l'action culturelle cinématographique et audiovisuelle, en présence et avec l'intervention d'institutionnels et d'élus nationaux et régionaux.

Elle est précédée d'une synthèse de débats internes qui ont eu lieu la veille à huis clos entre les cent professionnels qui ont eu la chance d'y avoir accès, les places étant malheureusement très limitées…

… et suivie de :

L'Action culturelle, les Etats généraux et après (
Cahiers du cinéma, février 2009)
Notes à l'encre Blac rédigées depuis mai 2009 par Emmanuel Burdeau (pour
Médiapart notamment), comme autant de prolongations de la réflexion.


Bonne lecture.


Sommaire



SYNTHÈSE DU JEUDI 8 JANVIER 2009

L’après-midi du 8 janvier était réservée aux acteurs de terrain de l’action culturelle qui ont été invités à venir débattre et échanger à partir d’un état des lieux de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, afin de définir ensemble une véritable « charte » de l’action culturelle.
Nous avons abordé notamment au cours de l’après-midi les thématiques suivantes :
  • L’action culturelle cinématographique : le rôle des salles
  • Enjeux citoyens de l’éducation artistique
  • Filière professionnelle et renouvellement des talents
  • Le rapport Auclaire : analyse critique




TRANSCRIPTION DU VENDREDI 9 JANVIER

Introduction
Eugène Andréanszky, délégué général des Enfants de cinéma et Amélie Chatellier, déléguée générale adjointe de la SRF – Société des réalisateurs de films.




I - TEMOIGNAGES
Matinée animée par Philippe Lefait, journaliste à France 2

Ne pouvant pas faire entendre tout le monde, le choix des personnes et des associations présentes n’a pas été dicté par la volonté de mettre en avant un travail plus qu’un autre, mais plutôt par le désir de représenter l’action culturelle dans sa diversité, à la fois géographique et en terme de champs d’action. Afin de pouvoir présenter de nombreux témoignages, ceux-ci ont été brefs, et incisifs. Un réalisateur était présent à chacune des discussions.

Cinéma en prison | Cinéma à l’hôpital |
L’action culturelle au cœur de projets contre l’exclusion
Licia Eminenti, réalisatrice ;
Anne Riou, attachée culturelle CHU d'Angers (Pays-de-la-Loire) ;
Anne Toussaint, réalisatrice, membre fondatrice Les Yeux de l'Ouïe (Ile-de-France).
Projection du film Ebullition d’Anne Toussaint.

Le Ministère de la Culture, en partenariat avec d’autres ministères, celui de la Justice et celui de la Santé, a signé deux protocoles pour que la culture, et notamment le cinéma, puisse entrer dans les hôpitaux et les prisons. Aujourd’hui, outre le fait que les moyens financiers sont insuffisants, ces programmes restent confinés à une idée d’action sociale qui réduit le sens même de ce qui se fabrique et est proposé en terme d’image, car c’est de cinéma avant tout qu’il s’agit. Il est essentiel que le Ministère de la Culture réaffirme la valeur d’une action culturelle cinématographique à part entière développée dans ces lieux par les professionnels de l’image.

L’image en voyage
L’éducation à l’image. Le tissage du lien
Jérôme Descamps, réalisateur, membre fondateur la Pellicule ensorcelée (Champagne-Ardennes) ;
Antoine Glémain, directeur Atmosphères 53 (Mayenne) ;
Chantal Richard, réalisatrice.
Projection du film Y' a pas que les fleurs (3’), film d’atelier, réalisation collective La Pellicule ensorcelée.

Que se passerait-il si des « vaillants guerriers », ne prenaient pas la route pour aller vers des publics confinés aux quatre coins du monde ? La base de toute démocratie est de veiller à que les conditions d’accès à la culture, aussi bien que les droits à la santé et à l’éducation soient égales pour tous. Le maillage associatif de l’action culturelle souffre de moyens insuffisants, là où il faudrait les renforcer, afin que tout enfant et tout être adulte puissent, de plein droit, avoir une éducation à l’image valorisante et jouir pleinement des mêmes droits.

Education Populaire
Accès à la culture pour tous, véritable enjeu citoyen
Aïcha Belaïdi, présidente de Talents urbains / festival les Pépites du cinéma (Ile-de-France) ;
Jocelyne Quélo, responsable multimédia de la Maison populaire de Montreuil (Ile-de-France) ;
Cyril Seassau, la Ligue de l'enseignement ;
Jean-Pierre Thorn, réalisateur.

Depuis André Malraux, qui en a défendu ardemment ses valeurs, l’éducation populaire, tout en connaissant des moments plus ou moins difficiles, reste un enjeu majeur de notre République. L’Europe a toujours envié à la France ses programmes audacieux, capables de proposer une culture diversifiée et accessible à tous, y compris les plus démunis. Les structures qui ont marqué l’histoire de la culture populaire se trouvent affaiblies par la baisse des crédits, les projets multimédia abandonnés par le Ministère de la Culture et les nouvelles associations entrantes souffrent d’un terrain déjà paupérisé. Quel sort alors pour cette priorité de notre vie citoyenne ?


La salle et les festivals
La diffusion comme engagement
Philippe Etienne, réalisateur, délégué général Festival de Gindou (Midi-Pyrénées) ;
Nicolas Mey, responsable du cinéma la Salamandre à Morlaix (Bretagne) ;
Gilles Porte, réalisateur.

Du nord au sud de la France, sans la diffusion via les salles et les festivals les plus diversifiés, la diversité cinématographique ne pourrait pas exister. Sans le travail de professionnels engagés et passionnés par ce qu’ils montrent, par la variété des regards et des thématiques proposées, nous nous retrouverons sans nourriture pour notre imaginaire, confiés à une grande pauvreté standardisée et conformée aux règles du box office, déjà si écrasantes. Veiller à la survie de ces structures doit faire partie des premières préoccupations de nos tutelles !

Intervenants dans la salle
Anne-Marie Bourru, directrice Studio 13 à Cannes ;
Anna Defendini, représentant du CCAS, comité d'entreprise d’EDF-GDF ;
Cyril Léger, Confédération des foyers ruraux ;
Christian Oddos, représentant du SDI – Syndicat des distributeurs indépendants.




II - TABLES RONDES
Modérées par Aline Pailler, journaliste

L’après-midi a permis de poser les bases d’une concertation avec les pouvoirs publics, les élus et les professionnels sur les perspectives et le devenir des politiques publiques en faveur du cinéma et de l’audiovisuel dans notre pays. Elle était organisée en deux grandes tables rondes.

Table ronde
Création / diffusion : les enjeux de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle
Solveig Anspach, réalisatrice ;
Anne Durupty, directrice générale adjointe du CNC ;
Eric Guirado, réalisateur ;
Vincent Paul-Boncour, distributeur (Carlotta films / Bodega films) ;
Sylvie Robert, vice-présidente du Conseil régional de Bretagne chargée de la culture et secrétaire nationale à la culture au parti socialiste ;
Gilles Sacuto, producteur (TS productions).
Intervenants dans la salle
Laurent Blois, délégué général du SNRT-CGT ;
Philippe Germain, délégué général de l’Agence du court métrage ;
Ermeline Le Mezo, coordinatrice régionale en Champagne-Ardenne du Mois du film documentaire.

Le cinéma a comme toutes les industries un secteur « recherche et développement », incarné notamment à travers la filière du court métrage, qui forme auteurs, réalisateurs, producteurs, techniciens, artistes – qui feront le cinéma de demain. Notre industrie produit également des films non immédiatement "rentables", premiers films, films expérimentaux, documentaires... Ces films sont pourtant diffusés et rencontrent un public, à travers le réseau très important de festivals, de salles art et essai, d'associations de salles, qui constituent en France un maillage unique au monde. Comment les créateurs eux-mêmes envisagent-ils ce réseau vaste et diversifié de l'action culturelle ? Quel est le rôle du réseau de l'action culturelle dans la découverte et la promotion de nouveaux talents, ensuite reconnus par le marché lui-même ? Comment continuer ce travail de recherche dans un contexte de fragilisation et de précarisation croissante de ces réseaux ? Ne risque-t-on pas de menacer le renouvellement et la vivacité de notre création en fragilisant la diffusion ?


Table ronde
L’action culturelle cinématographique et audiovisuelle, un élément essentiel de l’aménagement culturel du territoire ?
Alain Auclaire, membre du comité de la diffusion cinématographique au CNC ;
Stéphane Brizé, réalisateur ;
Vincent Eblé, président du Conseil général de Seine-et-Marne ;
François Hurard, conseiller cinéma du ministère de la Culture et de la communication ;
Antoine Leclerc, délégué général de Carrefour des festivals ;
Dominique Paillé, conseiller auprès du Président de la République et porte-parole de l'UMP.
Intervenants dans la salle
Eugène Andréanszky, délégué général des Enfants de cinéma ;
Xavier Blom, administrateur de l’AFCAE.
Huguette Bonomi, chargée de mission au pôle culture de la Fédération française des Maisons des jeunes et de la culture ;
Frédéric Borgia, délégué général de Cinémas 93 ;
François Campana, coordinateur national du dispositif Passeurs d’images ;
Catherine Cavelier, exploitante du Cinématographe à Nantes ;
Jean-Pierre Daniel, directeur de l’Alhambra à Marseille et président des Enfants de cinéma ;
Philippe Germain, délégué général de l’Agence du court métrage ;
Hélène Jimenez, directrice de l'Acrif et déléguée régionale Lycéens et Apprentis au cinéma en Ile-de-France ;
Stéphane Goudet, directeur du Méliès de Montreuil ;
Fabienne Hanclot, déléguée générale de l’ACID ;
Michel Humbert, président du SCARE et administrateur de l’AFCAE.
Antoine Leclerc, délégué général de Carrefour des festivals ;
Bernard Legendre, représentant de Francis Parny, vice-président du Conseil régional d’Ile-de-France, chargé de la culture ;
Jocelyne Quelo, coordinatrice culture multimédia à la Maison populaire de Montreuil ;
Geneviève Troussier, directrice du Café des images d’Hérouville Saint-Clair.

La France, par une politique culturelle volontariste, a construit pas à pas, année après année, un aménagement culturel du territoire unique au monde. Salles de cinéma, mais également festivals, ciné-clubs, MJC, médiathèques, écoles, lycée, prisons, hôpitaux… et bien d’autres lieux encore permettent à chaque citoyen d’avoir un accès à la culture et aux cinémas. Ces réseaux de diffusion, très diversifiés, très protéiformes, sont aujourd’hui en danger et très largement fragilisés. Dans ce contexte, quel avenir pour la démocratisation culturelle, pourtant prônée par le Président de la République ? Quel accès aux œuvres pour le public de demain ? Quels rôles doivent tenir les différents échelons territoriaux, Etats et collectivités territoriales, dans le soutien aux acteurs de terrain ? Comment rétablir la confiance ?